Il y a des mots. Je ferme les yeux, des mots.
J’ai des listes de mots. Des cahiers de mots. Des flots de mots.
Des mots dans la tête, dans le coeur, dans le corps.
J’ai des questions. Pas toujours de réponses.
Des mots qui éclatent, crient, manifestent, émeuvent, me sourient, chantent, dansent, tordent le bide, sautillent, s’étouffent.
Silence. Puis, ils émergent à nouveau. Bravent parfois la pensée. Insensés. Impensables. Incompris.
ll y a 10 ans, mes rêves m’incitaient à fonder une entreprise. Créer de l’émotion. Enchanter le monde autour de manifestations d’idées. Subjuguer. Je voulais écrire une page de cette existence. J’ai gribouillé, cherché le sens. Raturé. Et les mots ne savaient plus comment sortir.
J’ai des doutes. Des tas. Ils rendent curieux. Invitent au voyage. J’ai des convictions mais aucune certitude.
J’aime les gens qui doutent. Ils me touchent.
Zaï Zaï. Nouvelle rencontre avec les mots. Ceux des autres. Réveiller l’espoir. Vivre les mots intensément. Assumer ses dissonances, flirter avec ses contradictions, évincer l’excès de la pensée. Ouvrir les horizons. Rallumer la flamme des rêves.
Un jour, la question est sur la table : »veux-tu glisser tes mots sur le papier« ?
Le pourrais-je ? Le saurais-je ? J’ai dit oui.
Pendant quatre mois, j’ai laissé les mots jaillirent. Mes quarts dans la nuit à la frontale, en traversée, au mouillage aux heures les plus chaudes, laissant les gouttes charnues de transpiration dégouliner sur le flanc de mon corps moite.
Mes filles m’ont prêté leur cabine avec joie et determination « tu es contente de ce que tu as écrit maman? ».
J’ai aimé ça. J’ai tout aimé, surtout les moments difficiles. Lorsque je cherchais les mots. Lorsque je ne me sentais plus capable. Lorsque j’ai bien failli tout mettre à la poubelle.
On m’a soutenu. Je suis allée jusqu’au bout. C’est imparfait mais je recommencerais s’il le fallait.
Projet livré. Dans quelques mois, vous aurez peut être mes mots dans vos mains.
Ils racontent une quête. Celle d’une famille qui quitte un quartier et des potes, qui taille sa route sur un cachalot. Pour voir. C’est aussi un carnet de bord d’une boucle atlantique qui propose un avant-goût de la suite de notre odyssée sur l’eau, qui n’a pas encore vraiment de forme ni de fin. Un récit qui évoque le répit que promet les océans, dans la recherche d’une autre façon de vivre que celle rythmée par le travail pour et avec les autres. Un tour d’atlantique pour explorer le monde et notre être qui n’est pas sans questionnement sur le sens de nos actions.
Ce récit est un premier jet de mes pensées et relate les choix qui rendent cette aventure possible.
Je comptais sur l’amour, le voyage et le temps pour lisser les affres de mon être. J’y rajoute les mots.
Il y a ce livre. Il y en aura peut être d’autres. Je ne sais pas.
Ecrire, c’est pour moi la liberté de regarder la vie en face, pour ce qu’elle est, avec l’envers et l’endroit.
Les expériences de joie et celles de peine. Savourer notre incomplétude. Ecrire et raturer, essayer, refaire. Achever. Accepter de déplaire pour mieux s’aimer, aimer tout court.
« Je m’appelle Anne-Laure et suis née en 1986 à Nantes. Je suis la seconde d’une fratrie de trois enfants. J’ai longtemps cherché ma place. À l’aube de mes 36 ans, j’ai compris que la destination n’était pas la fin et qu’elle n’achevait pas le voyage. La place n’est pas l’objectif. J’avance désormais sur une trajectoire à travers l’espace du monde.«
Ce n’est pas sans émotions que j’écris ces mots aujourd’hui : Merci à toi Gwéno pour ton soutien indéfectible. Merci à Rachel et Voiles et Voiliers pour votre confiance, merci Fannette – La Vague Graphique – pour illustrer et designer ces mots, merci Coco et Caro – Corentin de Chatelperron et Caroline Pultz- pour signer la préface. Merci à mon père Bruno Guilbaud, Noé et Aou’, Gaelle Dauloudet pour votre appui, vos encouragements, votre réconfort, vos conseils sans quoi je n’aurais su écrire le mot FIN.
