Paris Match – Rendez-vous en Zaï Zaï inconnu, par Margaux Rolland

Tout l’article ici >> 

Le 27 septembre 2021, la famille Gahinet quitte les Sables-d’Olonne pour une aventure de trois ans sur les océans. Gwénolé, l’un des marins les plus rapides sur un tour du monde à la voile va prendre le temps de vivre autrement, avec sa femme Anne-Laure, et leurs deux filles Julie et Cléo.

Une bulle de bonheur vers une nouvelle vie, remplie d’inconnues, de péripéties et de bonne humeur. Gwénolé et Anne-Laure Gahinet ont embarqué leurs filles âgées de trois et quatre ans et demi à bord de «Zaï Zaï», un catamaran en bois époxy, afin d’explorer le monde autrement. Découvrir un mode de vie engagé, sobre et résilient pour changer leur façon de travailler, consommer, éduquer et… voyager. «Notre aventure va nous permettre de comprendre un peu mieux le monde qui nous entoure, détaille Anne-Laure. Nous ne sommes plus dans la consommation de masse, comme lorsque nous partions en vacances une semaine ou deux dans l’année. Cette fois, nous avons la chance de pouvoir prendre le temps.» Ces passionnés de sports de glisse en tous genres, ont désormais comme terrain de jeu l’immensité des océans.

Le co-skipper de François Gabart sur la dernière Brest Atlantiques est un marin touche-à-tout, détenteur du trophée Jules Verne, vainqueur de la mini transat 2011, de la transat AG2R en 2014 et de la Solitaire du Figaro en catégorie bizuth. Il a également mis son expérience d’ingénieur et architecte naval au profit de leur Eclipse 472, un catamaran d’occasion d’environ 14 mètres. Un coup de cœur commun pour Anne-Laure et Gwénolé. Le couple était en quête de ce Graal depuis plusieurs mois. Ils l’ont finalement décroché à la Martinique, en 2020. Ensuite direction Hennebont, dans le Morbihan, pour un méga chantier de réfection. Le safran, l’électronique, le réseau d’eau, les voiles, le réseau électrique, tout y passe. «Le bateau a été mis à poil», se souvient Gwénolé. Aujourd’hui, «Zaï Zaï» est autonome en eau et en énergie grâce aux panneaux solaires. Onze mois de travaux et son lot de surprises… Sous ce «gros cachalot» se dissimulent en réalité quelques cache-misères. Problème structurel, retards de livraison… Le budget travaux double. Pour financer leur projet, les «Zaï Zaï» comme ils se surnomment, ont vendu, entre autres, leur maison à Lorient, dans le Morbihan. Anne-Laure et Gwénolé ont douté, parfois, mais l’envie d’aventure transcende les galères du quotidien.

Les travaux à bord du «Zaï Zaï».
Les travaux à bord du «Zaï Zaï». © DR

En 2019, leur deuxième fille Cléo n’a que quelques semaines lorsque les amoureux embarquent toute la famille pour une navigation dans les Grenadines. Au programme : profiter de cette nouvelle vie à quatre. «À la naissance de Julie, Gwénolé enchaînait les courses au large et de mon côté, j’étais pas mal accaparée par mon travail, se souvient Anne-Laure. Pour Cléo nous souhaitions faire les choses différemment.» Cette parenthèse d’un mois et demi, hors du temps leur prouve qu’une autre façon de vivre est envisageable. Leur crédo : «Profitons de nous aimer maintenant. Car qu’adviendra-t-il dans dix ans si nous continuons à nous croiser?»

Gwénolé et Anne-Laure sont aussi habités par un autre enjeu, plus collectif cette fois. L’impact de notre consommation sur la nature. Et les risques que la société fait courir à l’avenir de la planète. À terre, chacun s’engage. Gwénolé participe à la création du collectif La Vague auprès de cinq autres navigateurs, pour une course au large plus écologique. Selon eux, «la performance pour la performance ne suffit plus». Anne-Laure, co-fondatrice de la Colloc, un espace de coworking à Lorient de près de 2000 mètres carrés, promeut une nouvelle façon de travailler. Le tiers lieu propose des formations, du conseil en développement et externalise ses services auprès de grandes entreprises ou collectivités locales. Une success-story lorientaise tournée vers un management transversal. La jeune femme qui consacre encore deux jours dans le mois à son entreprise, envisage avec son époux d’accueillir scientifiques, ingénieurs, aventuriers, etc. à bord. «Nous avons pas mal d’idées pour développer des activités en cours de route et nous permettre de trouver l’autonomie financière suffisante pour faire durer et partager ce voyage», explique Anne-Laure.

La famille Gahinet à bord du «Zaï Zaï».
La famille Gahinet à bord du «Zaï Zaï». © Alexis Courcoux

Reste à établir une feuille de route. Le couple pense alors s’embarquer dans les régions froides, les canaux de Patagonie, l’Antarctique, leur permettant d’allier leur passion pour la montagne. Le choix s’avère trop compliqué avec des enfants en bas âge. La croisière se fera donc sous un climat plus clément.

Rendez-vous est donné en septembre 2021 aux Sables-d’Olonne pour le grand bain. Ils se sont engagés en tant que bateau accompagnateur de la Mini-Transat. Comme un clin d’œil pour le gagnant de l’édition 2011. Gwénolé, habitué à parcourir les océans à des vitesses vertigineuses en Ultim, ces navires nouvelle génération pilotés comme des bolides, s’apprête à écrire un nouveau chapitre, accompagné de ses moussaillons de choc. Première étape : les Grenadines. Avant de faire, comme ils l’espèrent, escale en Polynésie. «Un endroit incroyable avec une culture océanique géniale que les filles pourront découvrir.» Car la vie à bord est une école en soi.

Le «Zaï Zaï» en mer.
Le «Zaï Zaï» en mer. © Alexis Courcoux

Nos précédentes aventures