3 mois plus tard …
Baie de Rikitea, 14 heures, 27 degrés ensoleillés, les batteries se rechargent, la lessive est faite, les filles sont à l’école. Je pose mon fessier sur le banc inconfortable du carré tout juste privé de ses coussins en raison d’un grand ménage, mains sur le clavier, je relis le dernier article posté sur ce blog il y a plus de 3 mois et je me dis qu’il s’en est passé des choses depuis.
Par où commencer ?
D’abord, vous qui nous lisez, on vous espère très en forme, vous nous adressez beaucoup de messages sympathiques et chaleureux auxquels nous n’arrivons pas toujours à répondre, cela fait des semaines que l’on a en tête de donner quelques nouvelles du bord.
Aujourd’hui – mardi 19 mars – je tente une légère immersion dans l’antre de mes souvenirs émergents, un an en arrière, nous étions encore aux San Blas, dans une toute autre énergie, à deux semaines de passer le canal de Panama et de traverser le Pacifique pour rejoindre les îles Polynésiennes. La suite, une nouvelle phase du voyage qui commence, s’était enchainée en un pshittt : une sortie de livre, 4 mois déconnectés aux Gambier, une construction d’annexe à voile, des balades rythmées entre les Tuamotu et les îles sous le vent, une formation express en apnée, avant de poursuivre vers les Marquises et se mettre à l’abri des cyclones.
Alors.
Je ne saurais résumer ici ces 12 mois en un seul paragraphe, bien sûr ce serait amusant pour nous de vous parler pendant des heures d’annexe à voile, d’apnée et de chasse sous-marine, d’émancipation et du sens du voyage en général, de la famille ou encore du couple, des enfants et de l’école, du matavaa (festival des marquises), des beautés d’ici et d’ailleurs.
Je pourrais inventorier en vrac que l’on s’est bien marrés, que l’on a eu très chaud, que l’on a grandi (surtout Julie et Cléo), que l’on s’est fait un peu mal (surtout nous), que l’on s’est fait peur, que l’on a pleuré (surtout moi), que l’on a compris des tas de trucs, que l’on s’est passionnés pour des sujets dont tout le monde se fout, que l’on a eu envie de tout arrêter (mais pas longtemps), que l’on a pris une bonne claque de beauté et de quotidien ardent. Je pourrais affirmer que l’on s’est pris des ascenseurs émotionnels de l’espace dans la face et que OUI, nous avons bien distingué d’autres modes de vie, pas dans le sens « ouhhh c’est vraiment génial de vivre comme ça » mais plutôt « comment fait-on pour vivre en famille TOUT COURT ??! ». Je ne le ferai pas, ça partirait dans tous les sens. Il va me falloir quelques temps pour détacher les anecdotes marquantes et décanter sévère les informations remarquables qui sont arrivées en nombre jusqu’à nous pendant cette année de pérégrinations.
Toujours est-il que l’aventure (tantôt trépidante, tantôt en pantoufles) nous a emmené là où on n’aurait jamais eu l’idée d’aller.
Et systématiquement, à chaque fois que nous arrivons aux abords d’un nouvel endroit, à ce moment précis où nous distinguons enfin les premiers reliefs de la terre naissante à seulement quelques miles de nos étraves, nous pensons « c’est une dinguerie ce voyage, une dinguerie qui nous laisse irrémédiablement des marques mais une dinguerie qui nous secoue et nous maintient en vie ».
Début février, collés (de sel et de moiteur ambiants) dans notre mouillage préféré à Tahuata, ivres des profondeurs – de wing – de poissons ciguaterés – de fruits exotiques – de Mana Marquisien, on s’est regardés droit dans les yeux, et on s’est dit « Hey (avec l’accent Marquisien), on fait quoi maintenant !? ».
Et pour réfléchir, une petite pause s’impose, il nous faut faire le vide, et pour créer le vide, il nous faut du temps. Peut-être que c’est cela le voyage. Aussi. Faire une pause. Pour tempérer. Réaliser. Se poser quelque part où les repères sont connus, où une légère routine serait presque permise. On fleurte avec la routine tranquillisante, sans s’anesthésier tout à fait. Retrouver un semblant d’habitudes. S’engraisser de sommeil et de nouvelles énergies avant de remettre les voiles. Et aussi last but not least, pour remettre nos filles à l’école. Parce que c’est tellement génial l’école !
Retour aux Gambier.
Aux alentours du 20 février donc, bingo !, un petit vent de Nord – Est bien établi s’annonce, gros tout droit vers l’île de Mangareva, depuis l’île d’Hiva Oa. Quatre jours et demi plus tard et soleil levant, Zaï Zaï pénètre sous genak dans l’archipel des Gambier. A peine arrivés, nous prenions place à la table de Valérie et Hervé pour leur barbecue légendaire et hebdomadaire sur l’île de Taravaï. Divine routine.
Nous sommes ici depuis fin février (le temps passe à une vitesse folle quand les enfants sont à l’école !) et prévoyons de rester jusque fin mai. L’objectif de cette pause, c’est de profiter de temps précieux avec nos copains, et de préparer la suite du voyage avec une sortie de Polynésie prévue pour septembre prochain.
Les filles sont donc inscrites à la merveilleuse école de Maputeoa en CP et en GS, ce qui nous laisse un temps CONSIDERABLE pour nous organiser, travailler sur le bateau, plonger, caréner, débiter de la lessive à la main, pêcher, s’occuper de notre administratif et depuis peu (c’est-à-dire aujourd’hui) … reprendre les récits de Zaï Zaï.
Nous ne sommes pas peu fiers d’avoir réussi à définir un programme prévisionnel pour l’année qui vient. Roulement de tambour.
Nous prévoyons donc une arrivée en octobre en Nouvelle Calédonie pour travailler, histoire de remplir les caisses de bord et temporiser pour bien préparer notre retour, s’il y a un retour… (pardon aux mamans, oui on va rentrer mais on ne sait pas encore quand ni comment 😘😘).
« Et vous ça va ? »
Notre Zai Zai est fidèle au poste, il est au top, c’est vraiment le meilleur d’entre nous ce petit chou à la crème, on l’aime d’amour et il nous le rend super bien. Pour ma part, je perdais mes cheveux en début d’année et pensais que j’étais en préménopause précoce (mais tout est rentré dans l’ordre depuis que le nouveau programme est affiché sur le frigo), Julie ne parle que de Harry Potter son idole-sa patrie, elle termine les deux derniers tomes et compte bien les relire en anglais s’il le faut, Cléo ne range sa chambre plus que 2 fois par jour ce qui une avancée majeure, et Gweno m’informe qu’il vient de terminer le nouveau système de récupération d’eau de pluie et qu’il vous embrasse en attendant le prochain grain qui ne s’annonce pas pour tester le système. Tout va bien quoi!
Je vais ESSAYER, je dis bien essayer – parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un changement de programme – de relancer le podcast pour raconter ces 18 derniers mois de dinguerie d’aventure (tantôt trépidante, tantôt en pantoufles), à bord de Zaï Zaï.
Allez, je mets tout de même quelques photos de ces derniers mois, commentées par nos soins.
La bise à vous toutes et tous, lectrices et lecteurs, enrichis de ces 1208 mots.
Ci dessous, le aka de Ua Pou, la danse de l’oiseau de Nuku Hiva et le chant incroyable de Tahuata !!